La plus grande compétition de football africain s’est déroulée entre le 9 Janvier et le 6 Février et s’est achevée sacrant le Sénégal pour la première fois. Les Comores et la Gambie, qui ont pris part à cette compétition pour la première fois de leur histoire, se sont bien amusées au Cameroun, se qualifiant respectivement pour la phase de groupes et quart de finale. L’entraîneur gambien Tom Saintfeit, qui est l’un des entraîneurs européens les plus expérimentés en Afrique, nous nous a parlé du championnat et de son parcours en Afrique.
Vous avez fait une telle histoire avec l’un des plus petits pays d’Afrique, la Gambie ? Que signifie la réussite pour les autres pays africains ?
Je suis très fier de tout ce que je faisais avec l’équipe nationale gambienne au cours des trois dernières années. C’était un travail très digne. La Gambie était classée 172e au classement de la FIFA lorsque j’y suis arrivé il y a trois ans et demi. Leur dernière victoire, c’était contre la Tanzanie en septembre 2013. Ils n’avaient jamais gagné de match pendant cinq ans. Puis j’ai changé le staff technique, j’ai invité de nouveaux joueurs; Au départ, j’ai appelé 34 joueurs, j’ai professionnalisé le staff technique et l’équipe médicale, et j’ai moi-même recruté des joueurs en Europe. Nous avons construit l’équipe à partir de base grâce à soutien de la fédération. Prenant compte, la petite taille de la Gambie et du niveau où nous avons commencé les pré-qualifications contre Djibouti et le Tchad, les résultats étaient prometteurs. Je ne peux qu’être fier de tout ce qu’on a réalisé.
- ማሰታውቂያ -
La Gambie n’avait pas de longue histoire de football, et d’une autre part, vous avez écrit une très belle histoire avec la Gambie dans la toute première participation du pays; comment cela a-t-il été possible et qu’avez-vous fait différemment ?
La Gambie est un petit pays avec 2,4 millions de populations, la Première Ligue gambienne paie en moyenne 30 USD/ mois aux joueurs, tandis que l’Éthiopie compte beaucoup plus de joueurs professionnels et de plus grands clubs que la Gambie. Selon le potentiel, l’Éthiopie devrait aller plus loin. Quand je suis arrivé en juillet 2018, l’équipe n’avait pas gagné un match depuis cinq ans, Donc, on a professionnalisé l’équipe, élaboré une stratégie et joué un football plus organisé sur et en dehors du terrain, et nous avions fait notre premier match contre l’Algérie.
Nous avons fait match nul contre l’Algérie et gagné contre le Bénin, et nous avons également gagné contre la Guinée Conakry en match amical. Puis est venu la pré qualification de la CAN contre Djibouti, et puis nous avons aussi gagné contre le Tchad. Nous avons finalement été classés dans un groupe très difficile avec le Gabon, la RD du Congo et l’Angola. Pourtant, nous sommes arrivés au Cameroun parce que nous étions tactiquement disciplinés. J’ai sélectionné des joueurs de la ligue locale, puis j’ai voyagé en Europe pour recruter des joueurs dans la diaspora gambienne. J’ai moi-même recruté des joueurs et j’ai dû les convaincre de jouer pour l’équipe nationale. Nous avons formé une équipe de trente-quatre joueurs différents issus de divers horizons; des jeunes et des joueurs expérimentés, certains qui jouent dans des ligues de haut niveau et d’autres qui jouent dans des ligues de niveau inférieur comme la ligue gambienne. Une équipe diversifiée avec une sélection professionnelle, comprenant un analyste vidéo, un préparateur physique, un nutritionniste, du personnel médical, deux physiologistes et, surtout, un manager très compètent. Et la fédération m’a donné toute l’autonomie dont l’équipe a besoin. Nous avions des limites car la Gambie n’est pas une nation riche, mais le travail d’équipe nous a permis de réussir.
Comment avez-vous trouvé l’équipe nationale éthiopienne à la CAN 2021 ?
Pendant la CAN, je n’ai pas prêté beaucoup d’attention à la sélection Éthiopienne car je devais me concentrer sur ma propre sélection. Je pense que l’Ethiopie a beaucoup de joueurs talentueux et joue parfois un football très attractif, mais le football n’est pas toujours une question de beauté; il s’agit toujours de résultats. C’est bien de marquer au premier contre le Cameroun, mais en encaisser quatre est odieux. C’est, je crois, comment l’Éthiopie devrait jouer; vous devriez être plus axé sur les résultats, en particulier lorsque vous jouez contre de grandes nations comme le Cameroun et le Nigeria. Pendant mon séjour en Ethiopie en 2011, on avait gagné 2-1 contre le Nigeria grâce aux buts de Salhadin, et on peut aussi voir l’équipe d’Abraham Mebrahtu contre la Côte d’Ivoire, C’était formidable. Il est important d’obtenir des résultats contre de grandes nations car dans des compétitions comme la CAN, vous ne jouez que contre de grandes nations.
Suite à votre parcours réussi avec la sélection, l’Association Gambienne de Football vous a accordé trois années supplémentaires avec la sélection, quels sont vos nouveaux projets ?
Ce n’est pas vrai. Mon contrat avec l’équipe nationale gambienne n’a pas été prolongé cette année. J’ai signé mon contrat en janvier 2021 et je l’ai prolongé jusqu’en 2026 afin de qualifier la Gambie pour la Coupe du monde. Mais il y a toujours une clause de renflouement dans mon contrat qui me permet de partir si quelque chose de plus intéressant se présente. Mais, bien sûr, je suis très heureux en Gambie. J’ai une bonne équipe, un bon staff et un bon soutien de la fédération, mais on ne sait jamais ce qui se passe dans le football. Mais, pour le moment, je veux me concentrer sur la Gambie. J’ai un match de pré-qualification en mars contre le Tchad pour la CAN 2023, donc j’aimerais me concentrer là-dessus pour le moment.
Vous êtes devenu l’un des plus robustes dans le football africain, et certains pays avec une meilleure histoire du football pourraient être intéressés par vous, Que pensez-vous si les pays tels que l’Egypte, le Ghana, le Nigeria ou l’Afrique du Sud vous approchent ?
Le rêve de tous les coaches de sélections est d’aller à la Coupe du monde. Et si j’ai la chance de travailler avec une équipe qui peut se qualifier pour la Coupe du monde, ce serait un honneur pour moi, et la fédération gambienne en est consciente aussi. Jusqu’à présent, il n’y a pas d’approche officielle. Il y a de nombreuses rumeurs dans les médias à mon sujet car de nombreux pays s’intéressent à moi; cependant, je veux seulement me concentrer sur la Gambie et faire de mon mieux pour eux. J’aime travailler en Afrique, dans n’importe quel pays, et je l’ai fait en Namibie, en Éthiopie, au Malawi, au Togo et maintenant en Gambie. La chose la plus importante est que je puisse m’adapter et travailler n’importe où, mais mon rêve d’aller à la Coupe du monde reste toujours ma priorité. Je veux entraîner une équipe a la Coupe du monde. Je me souviens des éliminatoires entre l’Éthiopie et le Nigéria pour aller à la Coupe du monde, et j’aurais pu faire en sorte que l’Éthiopie se qualifie, et cela aurait pu être un rêve devenu réalité pour l’Éthiopie et pour moi-même. Comme je l’ai dit précédemment, j’ai joué mon premier match avec l’Ethiopie contre le Nigeria à Addis Abéba et j’ai gagné 2-1. Mais ça n’allait pas. J’ai aussi de bons souvenirs avec l’équipe nationale éthiopienne.
Reviendriez-vous, si l’Éthiopie souhaite vous embaucher en tant qu’entraîneur ?
C’est un de mes rêves de retourner en Éthiopie dans le futur, et qui sait ce qui arrivera. J’ai toujours aimé travailler avec les Éthiopiens et j’avais d’excellentes relations avec les joueurs, le staff et la fédération. J’en garderai toujours des souvenirs, et je regarde de temps en temps la vidéo du match contre le Nigeria à Addis Abéba, les joueurs chantant l’hymne national, ce qui est toujours une source d’inspiration pour moi. L’Éthiopie occupe une place spéciale dans mon cœur et je l’adore.